191. Jean-François et Marie Françoise Laguerce, ascendance.

Il y a bientôt deux ans, j’ai publié un article sur Jean-François Laguerce et sa soeur Marie Françoise, arrivés en Nouvelle-France elle probablement en 1705, et lui en 1710 ou avant. Lors de leurs mariages respectifs, ils donnaient le nom de leur parents, Jean-François Laguerce et Catherine Plagnolle, dans l’acte de mariage de Jean-François, et François Laguerce et Jeanne Plagnolle dans l’acte de mariage de Marie Françoise. Ils déclaraient tous les deux être originaires de la paroisse Saint Paul de Paris. Je descends de Jean-François Laguerce à la 10è génération par ma mère.

J’avais évoqué une possible parenté avec Antoine Planiol, « lieutenant au détachement de la Marine en ce pays et commandant au Fort de Saint François » qui se marie en octobre 1693 à Québec. J’avais pour finir parlé du père des pionniers, François Laguerce, qu’on rencontrait dans le contrat de mariage de Jeanne-Marie Fleury, sa nièce et donc cousine germaine des pionniers. Elle était fille d’Antoine Fleury et de Marie Laguerche. Je n’avais malheureusement rien trouvé de plus, ni sur François Laguerce, ni sur Antoine Fleury et Marie Laguerche. Vous pouvez lire cet article ici.

J’ai pu lire récemment le contrat de mariage de Marie Laguerce et d’Antoine Fleury, passé à Paris devant les notaires Levasseur et Ogier le 12 février 1672. Archives Nationales de Paris, minutes de François II Ogier, MC/ETLXXXIII/147. Il nous permet de connaître les parents de François et Marie Laguerce et grands-parents paternels des pionniers, ainsi que leur lieu d’origine.

Le contrat est conclu entre Antoine Fleury, cordonnier, fils de défunt Baptiste Fleury, en son vivant laboureur à Maulay en Yvernois (?) et de Marie Bourdier, et Marie Coignard, veuve de Nicolas Laguerce, vivant marchand demeurant à Meung sur Loire, stipulant pour leur fille Marie. Elles demeurent rue Matignon, paroisse Saint Germain de l’Auxerrois. Le notaire laisse ensuite un espace vide où il était d’usage de rajouter le nom des témoins et leur lien avec les futurs époux, mais cette section n’a pas été remplie. Heureusement, un petit bout de papier est joint au contrat où on retrouve ces éléments. Pour Marie, un seul témoin, outre sa mère, Francois Laguerche, chirurgien à Paris.

Signatures en fin du contrat de mariage. Détail amusant, le notaire inscrit dans le contrat Marie Laguerce et François Laguerche, alors que Marie signe Laguerche et François signe Laguerce. On voit aussi à gauche la signature de leur mère, qui signe Cougnard.

On retrouve bien la famille Laguerce dans les registres paroissiaux de Meung sur Loire et dans ceux de Beaugency, ville presque voisine, situées toutes les deux dans le département du Loiret, à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest d’Orléans.

Dans les registres de la paroisse de Saint Nicolas de Meung-sur-Loire, on croise d’abord l’acte de baptême de Marie, en date du 24 mars 1649. Elle est fille « d’honnestes personnes » Nicolas La Guerche et Marie Coignard. Le parrain est Claude Thorin, chanoine de Saint Nicolas et curé de Saint Pierre de Meung, et la marraine est Marguerite de Renne. Le parrain, on le verra plus loin est un oncle maternel et la marraine est une tante maternelle de l’enfant.

https://www.archives-loiret.fr/ark:20522/s005a8d2ade53c0a/5a8d2ade66586.fiche=arko_fiche_61f10d173dd84.moteur=arko_default_61e6b3f775f99

Dix huit mois plus tard, François La Guerche, le père des pionniers, est baptisé à Saint Nicolas de Meung.

Le vingt quatre Iesme jour de septembre audit an 1650 fut baptisé par moy Gentien Langloys, pbre chanoine et curé, François, fils de honnestes personnes Nicolas La Guerche et de Marie Coignard sa femme, ses père et mère. Le parrein est vénérable et discrette personne Mre Antoine Périgon, pbre chanoine de l’église de céans, la marreine est damoiselle Marie Feullette. Ledit présent enfant est nay dès le quinze Iesme jour du présnet moys et an susditz.

https://www.archives-loiret.fr/ark:20522/s005a8d2ade53c0a/5a8d2ade6aea5.fiche=arko_fiche_61f10d173dd84.moteur=arko_default_61e6b3f775f99

Le 21 avril 1652, toujours à Saint Nicolas de Meung, est baptisé Nicolas, fils de Nicolas La Guerche et de Marie Coignard. Le parrain est Jean Loiseau le jeune, tanneur, et la marraine est Yolant Thorin.

https://www.archives-loiret.fr/ark:20522/s005a8d2ade53c0a/5a8d2ade6ed27.fiche=arko_fiche_61f10d173dd84.moteur=arko_default_61e6b3f775f99

Un quatrième enfant du couple, Christofle, est baptisé le 26 octobre 1653 à Saint Nicolas de Meung. Son parrain est Christofle Congnard, chanoine de Saint Nicolas, et la marraine est Françoise Desfourniers.

https://www.archives-loiret.fr/ark:20522/s005a8d2ade53c0a/5a8d2ade7163b.fiche=arko_fiche_61f10d173dd84.moteur=arko_default_61e6b3f775f99

Je n’ai pas trouvé d’autres baptêmes d’enfants de Nicolas La Guerche et Marie Coignard à Meung.

Leur mariage s’est tenu quatre ans avant la naissance de Marie à Saint Firmin de Beaugency, le 3 juillet 1645.

Le mesme jour et an que dessus, par moy soubsigné ont esté espousés Nicolas La Guerche, marchand demeurant à Meung, et Marie Coignard, fille de deffunct Sébastien Coignard et Anne Margonne, de la paroisse de Saint Firmin, et ce en la présence de leurs plus proche parents qui sont Monsieur Me Claude Thorin, chanoine et curé de St-Pierre de Meung, Claude Thorin et d’Anne Margonne, veufve de Sébastien Coignard et Sébastien Coignard, chirurgien à Beaugency et Christophe Coignard, chanoine à Saint Liphard de Meung.

https://www.archives-loiret.fr/ark:20522/s005a8e9ecabee54/5a8e9ecb03aa0.fiche=arko_fiche_61f10ab4de857.moteur=arko_default_61e6b3f775f99

Les parents de Nicolas ne sont pas nommés, mais ses témoins vont permettre de les retrouver. Ces témoins sont Claude Thorin, chanoine et curé de Saint Pierre de Meung, et Claude Thorin. Yolant Thorin n’est pas nommée, mais on voit sa signature au bas de l’acte. Pour Marie, les témoins sont sa mère, Anne Margonne, Sébastien Coignard, chirurgien à Beaugency, et Christophe Coignard, chanoine à Saint Liphard de Meung.

https://www.archives-loiret.fr/ark:20522/s005a8e9ecabee54/5a8e9ecb03aa0.fiche=arko_fiche_61f10ab4de857.moteur=arko_default_61e6b3f775f99

Une recherche rapide sur les noms La Guerche et Thorin nous amène aux parents de Nicolas. Il est le fils de Nicolas La Guerche et de Denise Thorin, et a été baptisé le 17 mars 1625 à Saint Nicolas de Meung-sur-Loire.

Le lundy dix sept Iesme jour de mars audit 1625 fut baptisé Nicolas, fils de honneste personne Nicolas La Guerche et de Denise Thorin, sa femme. Les parrains sont vénérables et discrettes personnes François Regnault et Claude Thorin, chanoines de ladite église. La marraine Isabel Daniou, femme de honneste personne Sébastien Thorin, sergent, par moy vicaire susdit. Le prêtre insctit Daniou pour le nom de la mère de Denise, mais elle signe Ysabel Danjou.

https://www.archives-loiret.fr/ark:20522/s005a8d33e83298a/5a8d33e83978d.fiche=arko_fiche_61f10d17376fe.moteur=arko_default_61e6b3f775f99

Nicolas Laguerche et Denise Thorin s’étaient mariés neuf mois plus tôt, le 6 juin 1624, à Saint Nicolas de Meung. Nicolas y est dit veuf, mais sa première épouse n’est pas nommée.

Nicolas La Guerche, homme veuf, et Denise Thorin, fille de honneste personne Sébastien Thorin, sergent, et de Elisabeth Daniou sa femme, ses père et mère, de ceste parroisse, furent par moy soubscript espousés à quatre heures du matin en présence de leurs parens et amys le jeudy six Iesme jour de juin mil six cens vingt quatre.

https://www.archives-loiret.fr/ark:20522/s005a8c402ceec8a/5a8c402d1f83c.fiche=arko_fiche_61f10d174d37a.moteur=arko_default_61e6b3f775f99

Nicolas La Guerche père meurt un mois après la naissance de son fils, le seize avril 1625. Nous sommes bien en présence du bon Nicolas La Guerche; dans les actes où elle apparaît dans les années qui suivent, Denise Thorin est dite sa veuve.

Nicolas La Guerche, en son vivant marchand, décédé le mercredy seize Iesme jour d’avril mil six cens vingt cinq sur les huict heures du matin, fut enterré par moy le lendemain en —- église entre la chappelle de St-Fiacre et celle de la Magdelene.

https://www.archives-loiret.fr/ark:20522/s005a8c402ceec8a/5a8c402d26613.fiche=arko_fiche_61f10d174d37a.moteur=arko_default_61e6b3f775f99

Je me suis mis à la recherche de la première famille de Nicolas La Guerche. Un mariage célébré à Beaugency pourrait bien être le bon. Nicolas La Guerche épouse Marie Maneulx le 29 avril 1599 dans l’église Saint Firmin.

Nicollas La Guerche, fils de deffunct Me Pierre La Guerche, tailleur de pierre de la parroisse St-Nicollas espouse Marie Maneulx, fille de deffunct Jacques Maneulx, le XXIXè jour d’april 1599.

https://www.archives-loiret.fr/ark:20522/s005a8e9ec5dfbb1/5a8e9ec5eb3a5.fiche=arko_fiche_61f10aa7de873.moteur=arko_default_61e6b3f775f99

Dans les registres des baptêmes de Beaugency, on trouve six enfants de Nicolas La Guerche et Marie Maneulx, tous baptisés à l’église Saint Nicolas:

Ce Nicolas a un frère, Pierre, qui se marie aussi à Saint Firmin de Beaugency, une première fois le 24 août 1602 avec Catherine Courlevaux, et une seconde fois le 19 janvier 1606 avec Andrée Gourdon. Il est dit fils de défunt Pierre La Guerche et d’Andrée Fournier. Nicolas et Pierre sont chacun parrain d’un enfant de leur frère.

Pierre La Guerche et Andrée Fournier baptisent trois enfants à Saint Nicolas de Beaugency. Les registres ont malheureusement des lacunes, et je n’y ai pas trouvé le baptême de Nicolas..

Je ne suis pas absolument certain que Nicolas, fils de Pierre Laguerce et d’Andrée Fournier soit celui qui épouse en secondes noces Denise Thorin en 1624. J’en perds la trace après 1607, et je n’ai pas trouvé l’acte d’inhumation de Marie Maneulx. Cependant, l’inhumation de Nicolas père un an après son mariage avec Denise pourrait plaider pour cette hypothèse. Nettement plus âgé que sa femme, il serait mort bien avant elle.

La famille Coignard

Je n’ai pas trouvé l’acte de mariage de Sébastien Coignard et Anne Margonne, les parents de Marie. Ils baptisent des enfants à Saint Firmin de Beaugency.

Marie est baptisée le 19 août 1631.

Le dix neufième jour d’aoust mil six cents trente un a esté baptisée Marie Cougnart, fille de honorable homme Sébastien Cougnart, chirurgien, et de honneste femme Anne Margonne, ses père et mère. Ses parrain et marraine son honneste personne Claude Mignot et honneste fille Magdaleyne Sommilier.

Je m’étais interrogé sur l’absence de baptêmes d’enfants de Nicolas La Guerche et Marie Coignard entre leur mariage, le 3 juillet 1645, et le baptême de Marie, le 24 mars 1649. On peut l’expliquer par le jeune âge de Marie Coignard lors de son mariage. Elle n’avait alors que 13 ans et 11 mois. Elle aura eu sa première fille à l’âge de 17 ans et demi.

Voici les autres enfants du couple Coignard – Margonne.

Sébastien Coignard, maître chirurgien, est inhumé le 17 juillet 1633 à l’église Saint Firmin de Beaugency. https://www.archives-loiret.fr/ark:20522/s005a8e9ecc53142/5a8e9ecc5c830.fiche=arko_fiche_61f10ab4ed7ce.moteur=arko_default_61e6b3f775f99

Je n’ai pour l’instant rien trouvé sur Sébastien Thorin et Elisabeth Danjou.

Retour à Paris

Dans le contrat de mariage de Marie Laguerce et Antoine Fleury, Marie Coignard cédait à sa fille quarante sols de rente sur la veuve Sasset (?) demeurant à Meung sur Loire, et la moitié des biens ayant appartenu à Christophe Coignard, décédé à la Martinique. Il y avait donc un autre membre de la famille qui avait fait le saut vers le Nouveau Monde. Il doit être le frère de Marie, né deux ans après elle. On en trouve effectivement la trace en Martinique. Il est recensé au Marin en 1664, et on lui donne 30 ans, ce qui correspond à un an près. Vers 1666, il épouse Anne Senaude, qui en est à ses troisièmes noces. En 1671, elle est dite sa veuve.

François Laguerce cède à sa soeur ses quarante sols de rente à prendre sur ladite veuve, et la part des biens qui lui viennent du défunt Christophe Coignard. La dot de Marie s’élevait en tout à mil cinq cent livres.

Un autre acte concerne les Coignard à Paris. Le 17 juillet 1681, Antoine Fleury est devant Pierre Girardin, lieutenant civil. Il a requis la réunion des parents et amis de Marie Thérèse Coignard, âgée de dix sept ans, fille de défunt Sébastien Coignard, vivant chirurgien à Beaugency, et Marguerite de Renne, jadis sa femme. Antoine intervient en tant que cousin germain à cause de Marie Laguerce, sa femme. Il convient d’élire un tuteur à Marie Thérèse pour administrer sa personne et ses biens, et intenter une poursuite contre André Frère, qui avait une obligation de 4600 livres envers Marguerite Coignard, soeur de la mineure, qui est décédée, et dont Marie Thérèse est la légataire universelle.

Les parents présents lors de ce conseil sont Marie Coignard, veuve de Nicolas Laguerce, marchand, tante paternelle, François Barbier, tailleur d’habits à Paris, consin issu de germain paternel, et François de Laguerce (sic) valet de chambre du sieur de Mérainville, cousin germain paternel.

Tutelle Marie Thérèse Coignard https://www.geneanet.org/registres/view/12138/443?individu_filter=10195964

François Laguerce, père des pionniers, aura exercé différents métiers. Il était dit Receveur des droits du roi dans l’acte de mariage de son fils à Trois Rivières en 1713. En 1715, dans le contrat de mariage de sa nièce Jeanne Marie Fleury, il est dit employé dans les affaires du roi. Dans les pièces plus anciennes, il est chirurgien (comme son oncle Sébastien Coignard) lors du contrat de mariage de sa soeur, en 1672, et valet de chambre du sieur de Mérainville en 1681 lors de l’acte de tuition de sa cousine Marie Thérèse.

Il reste des éléments à éclaircir dans l’histoire de la famille Laguerce. Où a vécu la famille entre la naissance de Christofle, en 1653, et le contrat de mariage de Marie en 1672 à Paris? Où et quand Nicolas La Guerce est-il décédé? Quand Marie Coignard est-elle venue à Paris avec ses enfants et peut-être aussi sa nièce Marie Thérèse? Quand et où François Laguerce a-t-il épousé Catherine (ou Jeanne) Plagnol? Leurs enfants, les pionniers, sont-ils nés à Paris?

Je ne désespère pas non plus de trouver un jour des pièces concernant la famille Plagnol à Paris, ou ailleurs.

Voici pour finir l’ascendance de François Laguerce, telle que je peux l’établir à ce jour.

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